Posté à 19h40
                André Duchesne La Presse             

Les Russes étaient submergés à l’est

INFOGRAPHIE LE TYPE Sources : Institute for the Study of War, Critical Threats Project de l’American Enterprise Institute et The New York Times Les Russes s’attendaient à une contre-attaque ukrainienne, annoncée par le président Volodymyr Zelensky, dans le sud du pays. Mais cela a été combiné avec une attaque furieuse dans le nord-est ces derniers jours. Les Ukrainiens auraient repris 6 000 km2 de terres, a affirmé le président Zelensky (8 800 km⁠2 selon une carte du New York Times). « Les choses bougent dans le Sud, mais pas à la vitesse qui s’est produite dans l’Est », explique Dominique Arel, titulaire de la Chaire de recherche en études ukrainiennes à l’Université d’Ottawa. Personne ne s’attendait à cette attaque. C’était écrasant. L’astuce des Ukrainiens était de n’annoncer qu’une attaque dans le sud. Cela montre, selon un analyste, que les Russes, en termes de renseignement, ne sont pas capables de pénétrer le cercle restreint des décideurs ukrainiens. En 2014 [invasion de la Crimée], ils avaient des espions partout. »

Doit-on craindre des grèves de masse ?

PHOTO JUAN BARRETO, AGENCE FRANCE-PRESSE Une vue d’une église endommagée à Kramatorsk, dans la région de Donetsk, mardi Mardi, Moscou s’est engagé à répondre à l’attaque ukrainienne par des “frappes massives” sur tous les fronts. “Avec ce qui s’est passé en fin de semaine, les Russes n’ont plus la capacité d’attaquer”, poursuit Dominique Arel. Ils ont toujours la capacité de tirer des missiles… mais grosse attaque ? Non. Selon le ministère russe de la Défense, les troupes ont été regroupées. Mais en réalité, ils se sont complètement effondrés. Ils ont fui en laissant derrière eux beaucoup de matériel. L’objectif de Poutine de conquérir tout le Donbass ne se réalisera pas. Du moins pas cet automne. »

Cibler les civils ou la politique du pire

PHOTO DE GLEB GARANICH, REUTERS Des résidents ukrainiens ont reçu mardi une aide humanitaire à Balakleya, récemment reprise par les forces russes Quelles options les Russes ont-ils ? La crainte est de les voir s’attaquer aux habitations et aux infrastructures des civils. Une stratégie qui a déjà été adoptée par le passé, notamment en Tchétchénie et en Syrie. “L’attaque contre les civils et les infrastructures civiles (réseau électrique, réservoirs d’eau, etc.) est la pire des politiques”, poursuit M. Arel. Les Russes l’ont fait à Kharkiv ce week-end en attaquant des centrales électriques. Vont-ils commencer à le faire systématiquement dans une stratégie de désespoir ? On peut s’attendre au pire. Mais en ont-ils la capacité ? Ils ont de moins en moins de missiles de haute précision. De plus, les troupes ukrainiennes disposent de missiles américains Himars d’une “précision étonnante”, poursuit le chercheur.

Poutine a critiqué…

PHOTO GAVRIIL GRIGOROV, AGENCE FRANCE-PRESSE Vladimir Poutine, président de la Russie Pendant ce temps, en Russie, les protestations se multiplient. A gauche comme à droite du président Poutine. A Saint-Pétersbourg, huit élus locaux ont demandé au parlement russe (Douma) d’inculper Poutine de haute trahison. À la droite du dirigeant, les partisans nationalistes d’une ligne encore plus dure sur l’Ukraine battent avec impatience et trouvent le président trop mou. “Hawks” projette des adjectifs tels que : problématique, traître, déprimant. Mais selon Maria Popova, professeure agrégée de sciences politiques à l’Université McGill, le président russe n’est pas menacé.

… de voix qui ne sont pas nouvelles

« Poutine est défié par des gens qui veulent que la guerre s’intensifie. Mais ce n’est pas vraiment possible. La Russie a presque tout jeté dans cette guerre”, a déclaré Mme Popova. D’autres, pensant dès le départ que cette guerre était une mauvaise idée, appellent à la paix. Aucune de ces voix n’est assez forte et aucune n’est vraiment nouvelle. “C’est à petite échelle. Certains pensent qu’ils voient un grand pas en avant, mais ce n’est pas si surprenant. Nous savons qu’il existe une opposition engagée mais très réduite en Russie. Ces voix ont toujours été contre Poutine. Cela ne veut pas dire que la population dans son ensemble adhère à ces critiques. »

Prison ? Arbitraire!

PHOTO DU TRIBUNAL DE LA VILLE DE MOSCOU VIA LE FICHIER REUTERS L’ancien journaliste russe Ivan Safronov au banc des accusés lors d’une audition à Moscou le 5 septembre La critique du régime actuel est très audacieuse en Russie. Ainsi, le 5 septembre, l’ancien journaliste Ivan Safronov, critique du régime, a été condamné à 22 ans de prison. “Le régime actuel ne tolère pas la critique. Mais c’est arbitraire », dit Mme Popova. Certaines personnes vont en prison pour longtemps… ou pas. Il y a des cas où rien ne se passe. “Cela fait partie d’une stratégie qui place les gens dans un état d’incertitude constante”, poursuit le professeur. Et c’est utile pour le régime de garder les gens hors de prison. Ils peuvent ainsi se définir comme tolérants. »

Kyiv avance sur le Donbass

La contre-offensive ukrainienne dans le Donbass s’est poursuivie mardi. Les gardes-frontières ukrainiens ont déclaré que l’armée contrôlait la ville de Vovchansk, à trois kilomètres de la frontière avec la Russie. Cette ville avait été prise par les forces russes le 24 février, premier jour de la guerre. Au sud, les troupes russes abandonnaient également la ville de Melitopolis, qu’elles tenaient depuis mars, et se repliaient vers la Crimée. Avec le New York Times, l’Agence France-Presse et TV5 Monde

apprendre encore plus

			8 Les frappes massives russes annoncées par Moscou ont jusqu’à présent fait 8 morts et 19 blessés en 24 heures dans les régions de Kharkiv (nord-est) et de Donetsk (est), selon la présidence ukrainienne. 			 			Source : Agence France Presse 		  


		Source : Agence France Presse