En 2024, la production d’électricité devrait donc être légèrement supérieure à celle prévue pour 2023, actuellement estimée entre 300 et 330 TWh, elle-même légèrement supérieure à celle de 2022, qui ne devrait être que de 285 TWh, une « vraie catastrophe », selon Nicolas. Goldberg. Fessenheim : Macron refait l’histoire

“Depuis 2015, on savait que la situation serait tendue”

“Ces chiffres montrent que la crise de l’électricité durera au moins jusqu’en 2024 et c’est inquiétant”, a déclaré l’expert. Déjà en 2015 on savait que la situation serait tendue pour la centrale nucléaire durant cette période du fait des visites décennales [arrêt de plusieurs mois de la production d’un réacteur, qui a lieu tous les dix ans, et pendant lequel un examen de sûreté est réalisé en profondeur. Les quatrièmes visites décennales (VD4), qui concernent en ce moment les plus vieux réacteurs du parc, ceux de 900 MW, comptent 20.000 activités de maintenance et de contrôles et visent à faire tendre le niveau de sûreté de ces réacteurs vers celui des EPR, ndlr]mais nous n’avions aucune idée de la profondeur de cette crise”, avoue-t-il. Concernant l’estimation de production pour 2024, EDF précise “que le calendrier de maintenance correspondant est consolidé”. A l’heure actuelle, on ne connaît pas encore l’ampleur des différents facteurs qui affecteront la disponibilité du parc nucléaire en 2024. « Quelle sera la part des travaux de maintenance et des visites décennales et des problèmes de corrosion ? demande Nicholas Goldberg.

Sept visites décennales programmées en 2024

“L’estimation de la production nucléaire en 2024 s’explique par un programme industriel dense et la poursuite de la mise en œuvre du programme de contrôle des réacteurs nucléaires dans le contexte du phénomène de corrosion sous contrainte”, précise EDF, sans plus de précisions. Fin 2021, l’électricien découvre un problème de corrosion sous contrainte, en série, qui se traduit par des microfissures dans les conduites d’acier reliées au circuit primaire principal entourant le réacteur. Selon les investigations menées par EDF, 12 réacteurs sont concernés ou potentiellement concernés par ce phénomène et sont donc actuellement à l’arrêt. (Alors que 17 autres sont actuellement fermées pour maintenance). Si ce phénomène perdure jusqu’en 2024, les arrêts pour maintenance pourraient donc être plus longs pour effectuer des contrôles supplémentaires. Par ailleurs, sept visites décennales sont prévues en 2024 : deux concernent les réacteurs 1300 MW de Penly 2 et Golfech 2 et cinq quatrièmes visites décennales concernent les réacteurs 900 MW de Blayais 3, Cruas 3, Dampierre 4, Gravelines. 4, Tricastin 4. « En 2024, nous serons encore dans une situation tendue [sur le plan de la sécurité d’approvisionnement électrique, ndlr]. Il faudra appliquer les gestes écologiques, mais aussi les principes de sobriété en établissant les bonnes étiquettes de prix et les appliquer dans la durée car c’est un problème permanent”, insiste Nicolas Goldberg.

Production réduite à partir de 2018

Cependant, certaines données pourraient apporter un soulagement au système électrique français. Côté production, le parc éolien en mer de Saint-Nazaire, composé de 80 éoliennes, sera pleinement opérationnel, avec une mise en service à 100% prévue fin 2022. qui doit être présenté en Conseil des ministres prochainement, a apporté ses premiers résultats. La France devrait alors pouvoir importer plus d’électricité grâce à la création d’une nouvelle interconnexion entre la France et l’Italie via le tunnel du Fréjus. Celle-ci devrait être pleinement fonctionnelle dans les mois à venir. Par contre, les résultats liés aux tâches d’efficacité énergétique ne seront probablement pas encore au rendez-vous. Depuis 2018, la production nucléaire française continue de baisser. Seule l’année 2021 a été marquée par une reprise fragile. Ainsi, le parc nucléaire français a produit 393,2 TWh en 2018, 379,5 TWh en 2019, 335,4 TWh en 2020 et 360,7 TWh en 2021. Il faut remonter à 2015 pour obtenir un volume supérieur à 400 TWh comme niveau « non » de tous les experts du secteur. . Et pour cause, de 2002 à 2015, la production électrique par habitant a toujours été supérieure à 400 TWh, sauf en 2009.