Mais quelle mouche (nationaliste) a piqué les Suédois ? C’est quoi cette DS, Rassemblement National à la sauce scandinave ? Et quand la Suède, jusqu’alors jalouse de son modèle socio-économique de gauche, s’est-elle tournée vers la droite voire vers l’extrême droite ? 20 Minutes fait le point sur ce virage politique, loin d’être anecdotique, puisqu’il semble se propager à travers la Scandinavie.

Qu’est-ce que le Parti démocrate suédois ?

“A l’origine, le parti des démocrates suédois était une formation populiste de droite, issue d’un mouvement d’extrême droite fondé en 1988”, a déclaré Cyril Coulet, spécialiste des pays nordiques et ancien chercheur à l’Institut suédois des affaires internationales. 20 minutes. À l’origine, le parti des démocrates suédois (DS) s’appelait “Bevara Sverige Svenskt” (vous comprenez “gardons la Suède suédoise”) et comptait de nombreux combattants néonazis. Pourtant, “DS est resté en marge de la politique suédoise dans les années 1970, 1980 et 1990”, explique Cyril Coulet. C’est dans les années 2000, avec l’arrivée à la tête de Jimmie Åkesson, 43 ans, que le parti entame son lissage de l’échiquier politique. » J’ai maintenant fait mon devoir de citoyen – et vous aussi. Dans les mesures, il est extrêmement uniforme. Qui sait, peut-être que mon vote décidera de l’élection. Ou le vôtre. pic.twitter.com/BjxmgJe1uJ – Jimmie Åkesson (@jimmieakesson) 11 septembre 2022 L’accès à ce contenu a été bloqué pour respecter votre choix de consentement En cliquant sur ” J’ACCEPTE “, vous acceptez le dépôt de cookies par des services externes et ainsi vous aurez accès aux contenus de nos partenaires J’ACCEPTE
Et pour récompenser au mieux les 20 minutes, n’hésitez pas à accepter tous les cookies, même pour une seule journée, via le bouton “J’accepte pour aujourd’hui” dans le bandeau ci-dessous. Plus d’informations sur la page Politique de gestion des cookies. Aujourd’hui, avec un score provisoire de 20,7%, impossible de passer sous silence cette star des sondages suédois. Mais que prétend-il ? Dénonçant l’immigration, l’euroscepticisme et prônant l’Etat-providence, “le parti a des enjeux assez classiques du genre”. Sur le plan idéologique, Jimmie Åkesson, son leader depuis 2005, dénonce ouvertement le multiculturalisme et promeut directement les “Suédois de souche”.

Pourquoi la découverte d’un parti nationaliste en Suède est-elle historique ?

“Le Parti démocrate suédois n’a cessé de croître depuis 2010”, explique l’ancien chercheur à l’Institut suédois des relations internationales. Bien qu’auparavant en marge, il atteint désormais d’importantes couches du pouvoir suédois. Plus important encore, le parti des démocrates suédois n’est ni plus ni moins que la deuxième force politique du pays. Le parti ultraconservateur peut, à ce titre, revendiquer une coalition avec la droite traditionnelle du pays “et c’est historique”, estime Cyril Coulet. A ce jour, la DS compte tellement de députés qu’elle ne peut être exclue du paysage politique. “Et c’est aussi historique, dans un pays plutôt ancré à gauche”, ajoute l’expert. Dans un pays de plus en plus en feu sur la sécurité intérieure, les banlieues, l’islamophobie rampante et l’immigration plus généralement, “la promesse d’un État-providence qui permettrait aux individus de s’affranchir de leurs communautés fait de plus en plus d’adeptes”. Cela expliquerait comment le parti serait passé de 4% des voix en 2010 à plus de 20% en 2022. Alors si les scores étaient confirmés mercredi, la gauche serait hors du pouvoir après huit ans à la barre. Et avec un score provisoire de 20,6%, DS établirait un nouveau record et deviendrait le premier parti de droite et le deuxième parti en Suède. Et “ça sent vraiment bon”, a commencé dimanche Jimmie Åkesson devant ses troupes lors d’un rassemblement à son QG de campagne.

Cette montée de l’extrême droite est-elle commune à tous les pays nordiques ?

“Absolument”, répond sans détour l’expert nordique. La Suède a jusqu’ici fait figure d’exception dans un paysage nordique encore solidement ancré à droite. Depuis 2010, la Finlande et la Norvège ont vu l’arrivée sur le devant de la scène de partis conservateurs ou populistes : le Parti des Finlandais aux tendances populistes et nationalistes ou le Parti du progrès (Norvège), libertaire et conservateur. Rappelez-vous cependant qu’en avril dernier, une série d’émeutes violentes a failli passer inaperçue. La Suède a été le théâtre de violents affrontements entre la police et les émeutiers. La raison ? Des manifestants ont protesté contre un rassemblement du groupe anti-immigrés et anti-islam appelé “Hard Line” [«Stram Kurs »], dirigé par le dano-suédois Rasmus Paludan. Ce dernier prévoyait d’entamer jeudi une “tournée” de Suède, ciblant les quartiers à forte population musulmane pour y brûler le Coran. Pourtant, dimanche, le dernier bastion, celui des urnes, aurait-il été conquis ? “Avec les élections législatives, une nouvelle étape a été franchie en Suède, abonde Cyril Coulet. En Suède bien sûr, mais aussi dans tous les pays nordiques. »