La première visite en Irlande du Nord de Charles III, arrivé mardi 13 septembre à Belfast, se déroule dans un contexte de tensions au moment où il succède à Elizabeth II dans une atmosphère de ferveur populaire et d’émotion nationale. Dès son arrivée au château de Hillsborough, Charles III et la reine consort Camilla sont allés au contact des milliers de personnes massées derrière les barrières, serrant des mains, saluant les enfants, échangeant quelques mots, des images difficilement imaginables au temps des « Troubles » (conflit nord-irlandais). Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Pour le prince de Galles, devenu Charles III, le défi de succéder à Elizabeth II sans décevoir
Paralysée politiquement, et en plein bouleversement sous l’effet de la victoire aux dernières élections des républicains du Sinn Fein, qui ne reconnaissent pas l’autorité de la monarchie, l’Irlande du Nord reste l’étape la plus délicate de la tournée du nouveau roi dans les quatre nations constitutives du Royaume-Uni. La souveraine avait joué un rôle majeur pour la réconciliation, dans cette province au passé sanglant. Mais près d’un quart de siècle après le retour d’une paix fragile entre républicains, surtout catholiques, et unionistes, essentiellement protestants, les tensions ont été ravivées par le Brexit, relançant l’idée d’une séparation du Royaume-Uni et d’une réunification avec l’Irlande. Après avoir visité lundi le Parlement britannique de Londres, puis celui d’Edimbourg en Ecosse, lundi, le nouveau souverain se rendra vendredi à Cardiff, au Pays de Galles.

Moment critique

A Edimbourg, des dizaines de milliers de Britanniques ont patienté des heures toute la nuit et encore pendant des heures mardi matin pour se recueillir devant le cercueil de la souveraine qui reposait dans la cathédrale Saint-Gilles, dans la capitale écossaise. Le roi Charles III et ses trois frères et sœur, les princes Andrew et Edward et la princesse Anne, sont venus dans la soirée avec la reine consort Camilla observer une veillée funèbre. La photo des enfants d’Elizabeth II, dos au cercueil, a fait la « une » de tous les quotidiens mardi. Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Elizabeth II à travers 21 articles essentiels puisés dans les archives du « Monde »
Tensions en Irlande du Nord, velléités indépendantistes en Ecosse, inflation galopante qui plombe le pouvoir d’achat, le nouveau roi de 73 ans, plus âgé que tous les souverains britanniques à leur accession au trône, s’installe dans ses fonctions dans un moment critique. Le pays, en proie à une grave crise sociale et politique, a une nouvelle première ministre depuis quelques jours à peine, Liz Truss. Poursuivant son dernier voyage, la dépouille de la reine devait embarquer mardi après-midi à bord d’un avion royal pour Londres, escorté par la princesse Anne. Elle sera accueillie à son arrivée par le roi Charles et d’autres membres de la famille royale et passera la nuit au palais de Buckingham. Débutera alors le deuxième volet de présentation au public, londonien cette fois, qui devrait voir défiler des centaines de milliers de personnes pendant un peu moins de cinq jours vingt-quatre heures sur vingt-quatre, avant les funérailles officielles, le 19 septembre, de la reine morte jeudi dernier à 96 ans. Certains ont commencé à faire la queue dès lundi. Le Monde avec AFP