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“S’il appartient désormais à la justice (…) de statuer sur la culpabilité et le degré d’implication de M. Perdriau, Les Républicains ne peuvent que condamner les méthodes ignobles utilisées par le maire de Saint-Etienne contre un opposant politique”, LR. a-t-il écrit dans un communiqué. La présidente du mouvement, Annie Genevard, a déjà entamé le processus d’exclusion. “Les révélations d’hier, ainsi que les enregistrements, confirment l’implication de Perdriau et de son entourage. Nous respectons l’État de droit”, confie-t-il au Monde. Et de préciser qu’il a accueilli favorablement la demande d’exclusion formulée par la fédération Loire LR, “qui sera entérinée par le prochain bureau politique”. Selon nos informations, M. Perdriau n’était plus à jour de ses affiliations d’élus : il n’était donc qu’un membre ordinaire du parti, ce qui devrait faciliter son exclusion.
“Violence, brutalité”
“Nous avions déjà dépossédé Perdriau de toute responsabilité au sein du mouvement, en raison de ses positions politiques et de ses déclarations en faveur d’Emmanuel Macron”, rappelle Mme Genevard. Quant aux accusations portées contre lui, “c’est une histoire incroyable : la violence, la brutalité des propos du directeur de cabinet, mais aussi de Perdriau, révèlent des mœurs politiques extrêmement graves et déshonorent le mandat et les responsabilités qu’occupe Gaël Perdriau”. », plaide Mme Genevar. Selon Mediapart, lors de conversations avec son ancien premier adjoint, enregistrées par ce dernier, le maire de Saint-Etienne a évoqué à son ancien allié politique le fait qu’il pourrait diffuser la vidéo de sexe “avec parcimonie”, à des “petits cercles”. ce qui nuirait à sa réputation. De son côté, le directeur de cabinet du maire, Pierre Gautierri, menace à plusieurs reprises Gilles Artigues dans ces enregistrements. Il déclare ne pas s’abstenir d’utiliser cette vidéo, y compris auprès des parents d’élèves des établissements où sont scolarisés les enfants de la victime. Lors d’un autre échange, alors que le premier adjoint dénonçait le chantage politique dont il s’estimait victime, il répétait, en deux ans de prison, M. Gauttieri lui répondait : « Si le fait que j’aille en prison te fait tomber puisque tu bascules à la vieille pédale sur le chemin du retour, je n’ai pas de problème. »
Informations judiciaires ouvertes
Mardi, avant que M. Perdriau ne soit placé en garde à vue, son premier adjoint, Jean-Pierre Bergé, avait indiqué à la presse que le maire de Saint-Etienne était “en train d’auditionner à sa demande à Lyon” avec les membres de son cabinet, ” pour que la vérité éclate », face aux accusations de chantage qui lui sont adressées. Le maire l’avait informé “calmement” de ces auditions, a-t-il dit.
Le parquet de Lyon a ouvert début septembre une information judiciaire sur cette affaire concernant le tournage et l’utilisation d’une vidéo enregistrée en 2014 alors que Gilles Artigues se faisait masser par un homme dans une chambre d’hôtel parisienne. Cette enquête pour « atteinte à la vie privée, extorsion aggravée, détournement de biens publics par un agent public, abus de confiance et recel de ces infractions » a été ouverte à la suite d’une plainte de M. Artigues, visant spécifiquement le maire, l’un de ses adjoints et amoureux de ce député, qui aurait organisé la rencontre de M. Artigues avec l’entourage.
Les cadres de LR n’ont pas eu de mots assez durs mardi contre leur futur ex-partenaire. “Il n’est pas digne de porter l’écharpe de la République et le fait qu’il la garde nuit à ses 35.000 collègues qui se sont engagés sans égard pour leurs électeurs”, a commenté Pierre-Henri Dumont, député du Pas-de-Calais. dans Le Monde. Pour lui, “s’il ne démissionne pas de son mandat, le Conseil des ministres doit le résilier”. Quant à Rahida Dati, la maire du 7e arrondissement de la capitale, elle a dénoncé sur Twitter “des méthodes à caractère criminel” qui “doivent mobiliser la classe politique”.
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Après la démission de Christian Jacob au lendemain des élections législatives, Les Républicains doivent élire leur nouveau président en décembre et les trois candidats déclarés se sont précipités pour appeler Gaël Perdriau. Bruno Retailleau, le patron des sénateurs de droite, a exprimé son “dégoût le plus profond” sur Twitter, ajoutant : “Ce type de personne fait honte à la droite et à la République. »
“Inconnu Perdriau”, a écrit Eric Ciotti, député des Alpes-Maritimes, sur le réseau social. Pour lui, « celui qui donne des leçons affiche le visage terrifiant de la pire des répugnances. (…) La justice doit être impitoyable ». « Les agissements de la mafia de Gaël Perdriau sont inacceptables pour notre famille politique et pour notre vie publique, a jugé, quant à lui, Aurélien Pradié, député Lot et secrétaire général de LR. Avec Christian Jacob, nous l’avions déjà démis de ses fonctions nationales. (…) Il doit et sera banni. À l’extérieur! »
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Julien Lemaignen et Sarah Belouezzane (avec AFP)