Tous les signaux du pouvoir d’achat sont au rouge. Le dernier baromètre CSA Research pour Cofidis*, publié mardi, en témoigne. Selon celle-ci, les Français manquent en moyenne de 510 euros chaque mois pour vivre décemment et ne pas se soucier de leur budget en fin de mois. C’est 43 euros de plus que l’an dernier, et même un record depuis la création du baromètre en 2014. Somme que les Français dépenseraient essentiellement en alimentation (53%) et, loin derrière, en énergie (29%). C’est-à-dire que les postes de dépenses pour lesquels la hausse des prix s’est fait sentir l’année précédente sont les plus fréquents (82 % et 80 %) respectivement. Preuve que de nombreux ménages peinent à subvenir à leurs besoins de base (alimentation, chauffage), les loisirs n’arrivent qu’en troisième position – après l’alimentation et l’énergie – pour lesquels les Français dépenseraient un surplus de revenus virtuels. Par rapport au baromètre 2021, le pouvoir d’achat est largement devenu en 2022, sans surprise le contexte (inflation élevée, crise énergétique), la préoccupation numéro un des Français (54%). Largement devant la santé (34%), qui était en tête l’an dernier, et l’environnement (27%). L’insécurité, troisième en 2021, descend du podium (24%).
Pessimisme sur l’avenir
Un pouvoir d’achat en baisse depuis une dizaine d’années, selon le sentiment général des Français. Près de sept répondants sur dix (68%) estiment que leur pouvoir d’achat a probablement diminué au cours de la dernière décennie. Le cocktail actuel d’inflation (+5,8% en août sur un an selon l’INSEE) et le bond des prix de l’énergie y sont pour quelque chose, puisque ce taux est en hausse de 18 points par rapport à l’an dernier. Lire aussi Le pouvoir d’achat a-t-il vraiment baissé pendant le quinquennat d’Emmanuel Macron ? Et les Français sont pessimistes quant à l’avenir. Les deux tiers des répondants (66%) s’attendent à voir leur pouvoir d’achat baisser au cours des douze prochains mois. Une progression de 29 points par rapport au baromètre de l’an dernier. Les prévisions de l’Insee pour l’année 2022 sont moins alarmantes. En l’an 2022, l’Institut de la statistique estime que le pouvoir d’achat ne diminuera que de 0,5 % par rapport à 2021. Après s’être fortement contracté au premier semestre, il devrait se redresser aux troisième et quatrième trimestres. Lire aussi Tension énergétique : la prévision de croissance française revue à la baisse
Stratégies financières
Pour faire face à l’inflation actuelle, les Français ont déjà changé leurs habitudes. Près de six sur dix déclarent avoir réduit leurs dépenses non essentielles, principalement les vêtements et les divertissements (59%) ou faire très attention au prix des produits qu’ils achètent, par exemple en recherchant les prix les plus bas (58%). Et 30% déclarent avoir reporté des projets qu’ils avaient cette année (projets, déménagements, événements, etc.). “Le pessimisme des Français face à la gravité de la situation se fait sentir de plusieurs manières : ils reportent leurs projets, limitent leurs achats quotidiens et essaient de trouver des solutions pour atténuer l’impact de l’inflation”, commente Mathieu Escarpit, du Marketing. Directeur chez Cofidis France. Et de nombreux Français s’apprêtent à devoir se serrer encore plus la ceinture à l’avenir, puisque les deux tiers des sondés estiment que leurs restrictions budgétaires actuelles ne suffiront pas. *Enquête réalisée sur un échantillon de 1007 Français, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus, auto-administré en ligne du 4 au 11 juillet 2022, selon la méthode des quotas avec les critères suivants : sexe, âge, profession, zone de catégorie de résidence et d’établissement. VOIR AUSSI – Pouvoir d’achat, inflation : ce qui attend vraiment les Français