La décision était attendue, les faits reprochés remontent à 1989. L’enquête pour viol et agression sexuelle sur mineur visant l’ancien présentateur télé et ancien ministre de la Transition écologique Nicolas Hulot a été classée sans suite en raison de la prescription de l’action publique, a annoncé le parquet de Paris. bureau a déclaré lundi 12 septembre, confirmant une information de BFM-TV. Cette enquête a débuté le 26 novembre 2021 après la diffusion par l’Envoyé spécial d’un documentaire dans lequel six femmes accusaient M. Hulot de violences sexuelles qui auraient eu lieu entre 1989 et 2001. L’une d’entre elles était mineure au moment des faits allégués, poussant le parquet à ouvrir des enquêtes, notamment pour vérifier qu’il n’y a pas eu d’autres victimes mineures. Cette femme, prénommée Sylvia, a raconté au documentaire, à visage découvert, qu’elle avait été agressée sexuellement en 1989, à l’âge de 16 ans, par Nicolas Hulot dans la voiture de ce dernier après avoir été invitée à assister à une émission qu’il animait alors à Paris. Après l’émission, elle avait porté plainte contre l’animateur et avait été entendue par les enquêteurs peu après le début de l’enquête.

Fin du temps

“Nous n’avons pas de commentaire à faire sur cette décision attendue de rejet d’une plainte prescrite et contestée”, ont réagi les avocats de l’ancien animateur de la célèbre émission de télévision environnementale “Ushuaïa”, Jacqueline Laffont et Alain Jakubowicz. “Ce classement non continu n’efface pas les faits clairement décrits par Sylvia, qui avait 16 ans en 1989 : il intervient sur des motifs de prescription dont ma cliente était bien consciente”, a commenté lundi son avocate, Me Maud Sobel. Dans une circulaire de février 2021, le garde des sceaux, Eric Dupond-Moretti, avait demandé qu’à l’issue de l’enquête préliminaire, le classement pour “prescription” ne se fasse “que (…) lorsque les faits révélés ou allégués en les poursuites constituent une infraction, mais le délai prévu par la loi pour leur jugement est écoulé.” “Lorsqu’à l’issue des investigations, l’infraction ne paraît pas avoir été commise, c’est le motif “infraction insuffisamment caractérisée” ou encore” absence d’infraction” qu’il convient de relever, même et lorsque les faits faussement condamnés ont été prescrits”, poursuivent les instructions de la Chancellerie. Lire aussi Comprendre les délais de « prescription » des crimes et délits

Cinq autres témoignages

Dans le documentaire, cinq autres femmes ont témoigné d’incidents allant de baisers surprises à des tentatives de rencontres forcées. Parmi eux, la militante écologiste Claire Nouvian a déclaré avoir été avertie par le passé “politique” de Nicolas Hulot avant la fusillade de 2008 d’éviter de se retrouver seule avec lui. Deux autres femmes, l’ex-animatrice Maureen Dor et une ancienne employée de TF1, avaient pour leur part confié à “l’Envoyée spéciale” des récits écrits d’agressions sexuelles. Une ancienne militante d’Europe Ecologie-Les Verts, Pauline Lavaud, a confié plus tard à BFM-TV qu’elle avait été bannie de la campagne de Nicolas Hulot pour les primaires internes du parti en 2011 car elle “l’excitait trop”.

L’hôte nie les allégations

L’ancien présentateur de la célèbre émission télévisée sur l’environnement “Ushuaïa” a été entendu en mai dernier par les enquêteurs de la brigade de protection des mineurs (BPM) à Paris dans le cadre d’une audition gratuite. Il dément catégoriquement les accusations et annonce qu’il se retire “pour de bon” de la vie publique pour protéger sa famille et sa fondation des conséquences d’un “lynchage”. Lire aussi : « Le monde vous répond » – Nicolas Hulot et le « tribunal des médias »
L’ancien animateur était déjà la cible d’allégations d’agressions sexuelles en 2018, alors qu’il était encore au gouvernement. Nommé ministre de la Transition écologique lors du premier quinquennat d’Emmanuel Macron, il a démissionné fin août 2018, invoquant une absence d’avancée sur les questions environnementales. L’hebdomadaire Ebdo avait révélé quelques mois plus tôt que l’ancien animateur avait fait l’objet d’une plainte en 2008 pour viol commis en 1997, qui avait été classée sans suite en raison d’une prescription médicale. La plaignante s’est avérée être Pascal Mitterrand, petite-fille de François Mitterrand. Nicolas Hulot avait également démenti ces accusations. Lire aussi l’article dédié à nos abonnés PPDA Nicolas Hulot, Gérard Louvin… TF1, la face sombre des années dorées
Le monde avec l’AFP