Le 6 septembre, dans le 18e arrondissement de Paris, un homme de 42 ans est mort d’une overdose dans l’après-midi alors qu’il avait des relations sexuelles avec un partenaire. Les deux hommes auraient consommé de la drogue avant l’acte, ce qui aurait causé la mort de l’un d’eux. Selon les premières données, l’homme aurait avalé de la 3-MMC, autrement appelée “nouvelle cocaïne”. Cette poudre blanche est de plus en plus prisée le soir ainsi que dans la pratique du chemsex. Ce phénomène, qui tire son nom de « produits chimiques » pour produits chimiques, désigne le fait de consommer des produits psychotropes, notamment des drogues de synthèse, pour intensifier et prolonger les actes sexuels.
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Deux mois plus tôt, cette fois à Toulouse, un homme de 55 ans avait été interpellé. Chez lui, la police a trouvé de grandes quantités de 3-MMC, ce qui provoque un état d’excitation sexuelle intense et de désir intense. L’homme est accusé d’être le fournisseur de médicaments aphrodisiaques et stimulants de la libido des soirées gay toulousaines. En fait, l’association du sexe et de la drogue, en couple ou en groupe, n’a rien de nouveau. Cette pratique est apparue dans les années 2000. Mais depuis quelques années, son essor est favorisé par les applications de rencontres. Sur ces plateformes, les membres s’invitent à de longues soirées sexuelles (un week-end, plusieurs jours d’affilée) autour de la drogue. “Nous étions confrontés à ce phénomène avant la crise sanitaire mais après le confinement la pratique a littéralement explosé. En faisant cela, les praticiens recherchent des sensations ou font tomber des barrières ou des complexes », explique le professeur Nicolas Franchitto, chef du service des addictions au CHU de Toulouse.
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En quelques clics sur internet
Dans son département, le professeur voit des patients de tous âges et de tous horizons. “C’est entre 25 et 45 ans, mais en fait, on a tous les profils, ça concerne tout le monde”, précise encore la professionnelle de santé. Il admet que c’est plus courant dans la scène gay. Ces patients qui viennent chercher de l’aide sont souvent pris en charge pour d’autres raisons au départ. “Soit ils sont hospitalisés pour une overdose, soit pour des maladies infectieuses, sexuellement transmissibles”, rapporte le soignant.
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Généralement, les fans de « chemsex » consomment des amphétamines pour la partie festive comme la cocaïne, le 3-MMC, le mélangent avec du GHB pour l’apparition d’un désir sexuel accru et pour les hommes, le Viagra et ses dérivés se rapprochent du cocktail explosif. « Ces produits circulent si facilement. On le trouve en quelques clics sur internet, ce qui met encore plus en lumière le phénomène », prévient Nicolas Franchitto. D’autant que la pratique n’est pas anodine et peut entraîner de graves troubles physiques et psychologiques. “L’addiction est la drogue de la société, nous devons constamment suivre de nouvelles pratiques dangereuses”, résume le professeur au CHU de Toulouse. A Toulouse, des équipes composées de médecins, de psychologues, de sexologues ainsi que des programmes spécifiques ont été créés pour mieux faire face à ce fléau en pleine expansion.
Mesures nationales
Un projet intitulé Accompagnement en Réseau Pluridisciplinaire Amélioré (ARPA)-CHEMSEX, codirigé par Aides et Fédération Addictions, vise à expérimenter et à améliorer, à l’échelle territoriale, des moyens de prévention sexuelle et de réduction des risques pour les personnes ayant recours au chemsex. Son principal objectif est de favoriser une meilleure prise en charge des usagers.