La Suède pourrait entrer dans une nouvelle ère politique. Les élections législatives du dimanche 11 septembre ont donné à la gauche sortante un coude à coude avec le bloc inédit entre la droite et l’extrême droite, avec un résultat final qui pourrait se tenir avec seulement un ou deux sièges, selon les résultats. .
Alors que les sondages à la sortie des urnes donnaient à la gauche une petite avance, la droite dirigée par le leader conservateur modéré Ulf Kristersson, soutenu par les démocrates suédois d’extrême droite (SD), est désormais en position de l’emporter. Sur la base des votes comptés vers 23 h 30 couvrant les trois quarts des circonscriptions électorales, il aurait obtenu exactement une majorité absolue de 175 sièges, soit 49,7 % des suffrages.
Le camp de gauche dirigé par la Première ministre sortante Magdalena Andersson, une social-démocrate, est crédité de 174 sièges, avec 48,8% des suffrages, selon le décompte de l’autorité électorale.
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Les Suédois ont voté au terme d’une campagne de suspense maximale, dominée par les questions de criminalité et d’inflation. Jamais, jusqu’à ces législatives, la droite traditionnelle n’avait envisagé de gouverner avec le soutien direct ou indirect du parti SD, qui se revendique nationaliste et antisystème.
Une longue formation de parias
Une longue nuit s’annonce pour déterminer une issue de plus en plus incertaine au fur et à mesure que la soirée avance, avec des divergences qui pourraient se trancher à quelques dizaines de milliers voire milliers de voix. Longtemps paria, la formation d’extrême droite, passant la barre des 20%, gagnerait une deuxième place qu’elle n’avait jamais conquise auparavant, devenant ainsi la première formation d’un nouveau bloc de droite. Il marque la plus forte progression des huit partis présents au Parlement.
La Première ministre Magdalena Andersson, 55 ans, espère rester au pouvoir avec un paquet “rouge-vert” pour un troisième mandat consécutif de quatre ans pour la gauche. Selon ces résultats partiels, les sociaux-démocrates conservent, comme prévu, leur première place depuis les années 1930, remportant des voix (30,4%). Les conservateurs modérés reculeraient légèrement et ne seraient que le troisième parti, avec 19,0 % des voix.
La campagne a été dominée par des sujets susceptibles de favoriser l’opposition de droite : criminalité en bande meurtrière et règlements de compte, flambée des prix du carburant et de l’électricité, problèmes d’intégration… Mais la popularité constante de Mme Andersson, dont la cote de confiance dépasse son adversaire conservateur, Ulf Kristersson, ainsi que le croquemitaine de l’extrême droite, plaide pour la gauche.
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Les cinq instituts de sondage ont donné une très légère avance au camp des « rouges-verts » dans leurs derniers débordements (49,6 % à 51,6 %), contre 47,6 % à 49,4 % pour l’ensemble droite/extrême droite, mais tous se situent dans la fourchette marge d’erreur. Au cours des deux dernières semaines de la campagne électorale, le parti d’extrême droite a dépassé le parti conservateur modéré dans les sondages d’opinion (environ 19-21%), un nouveau record.
« Une vraie opportunité »
Une victoire de la droite soutenue par l’extrême droite serait un tournant politique fondamental pour la Suède, qui doit prendre la présidence tournante de l’Union européenne le 1er janvier et finaliser sa candidature historique à l’OTAN.
Au bureau de vote de la banlieue de Stockholm, les militants du SD ont applaudi l’annonce des premières estimations, agitant leurs drapeaux aux couleurs du parti et espérant ensuite voir la droite prendre l’avantage final.
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En Suède, le poste de Premier ministre revient traditionnellement au premier parti de la coalition gagnante. Au total, 349 sièges sont attribués proportionnellement aux partis obtenant au moins 4 %. Pour être investi, un Premier ministre ne doit pas avoir 175 voix ou plus contre lui, mais pas nécessairement la majorité absolue en sa faveur.
“Maintenant, nous avons pour la première fois une réelle opportunité, une réelle possibilité non seulement d’être un parti d’opposition mais de faire partie d’un nouveau gouvernement qui emmène la politique dans une toute autre direction”, a réagi le numéro deux du parti, Richard. Jomshof, au micro de SVT.
Si les démocrates suédois espèrent des ministères, d’autres partis de droite hésitent à leur confier des portefeuilles gouvernementaux, préférant s’appuyer sur eux uniquement au parlement. Et à gauche, la forme exacte d’un leader élu reste incertaine, avec des partis de gauche et du centre en désaccord. Mais les politologues disent qu’une crise politique similaire à celle qui a suivi l’élection de 2018 – quatre mois pour former un gouvernement – est peu probable, car les camps sont mieux définis.
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Le monde avec l’AFP