Tour d’Espagne Evenepoel, Sainte Annonciation HIER A 15:27 Une époque où les Belges dominaient les Monuments (45 entre 1966 et 1978, dont 3 Grands Chelems en 1969, 1972 et 1976) mais multipliaient aussi les victoires dans les Grands Tours, les étapes (13 pour Maertens dans la Vuelta 1977). comme au classement général (15, dont 11 pour Merckx). Une domination outrancière qui s’est terminée brutalement en 1978. Alors, évidemment, les Belges ont continué à briller et à remporter de grandes courses, comme Paris-Roubaix mais surtout le Tour des Flandres (20 succès depuis 1978).

L’internationalisation, une période difficile pour la Belgique

Certains ont même remporté le maillot vert (Planckaert en 1988, Boonen en 2007), d’autres sont devenus champions du monde (Boonen en 2005, Gilbert en 2012) mais l’internationalisation du cyclisme a progressivement relégué la Belgique au “second draft”, limitant dans un nation “de pavés”. Le meilleur sprinteur était parfois italien (Cipollini, Petacchi), allemand (Zabel, Kittel), ouzbek (Abdoujaparov), britannique (Cavendish), mais jamais belge, sauf Tom Boonen. Les meilleurs coureurs de Grands Tours étaient français (Hinault, Fignon), italiens (Nibali), espagnols (Indurain, Contador), britanniques (Froome) ou slovènes (Roglic et Pogacar) mais pas belges. Tom Boonen, seul grand sprinteur belge des années 2000, s’impose à Gent Wevelgem 2012 Crédit : AFP Milan-Sanremo était devenu pays espagnol (Freire x3) et allemand (Zabel x4), mais seul un Belge l’apprivoise en 1981 et 2020. Liège-Bastogne-Liège devient le domaine de Valverde, seul vainqueur de tant d’éditions (4) comme toute la Belgique dans les vingt années précédant le succès d’Evenepoel. Sans oublier le Tour de Lombardie où seul Gilbert s’est imposé (2009, 2010) depuis 42 ans. Mais cette ère de pénurie est révolue. La Belgique retrouve la tête du classement mondial, au terme d’une année magique pour le « plat pays ».

La Belgique a le meilleur dans (presque) tous les domaines

Les Belges ont notamment remporté la General Vuelta, le maillot vert et six étapes du Tour de France, victoire sur Liège-Bastogne-Liège, Clasica San Sebastian, Flèche Wallonne, Bretagne Classic, Het Nieuwsblad, E3 Saxo-Bank. Classique. En 2022, la Belgique a remporté 8 courses au calendrier du World Tour, plus que tout autre pays, dont la Slovénie (6) des ogres Pogacar et Roglic. Personne n’a gagné plus qu’elle au plus haut niveau, avec 25 dans la saison, 10 de plus que la deuxième Slovénie. Montagne, chrono, sprint, classiques pour puncheurs comme pour flandriens… La Belgique a tout simplement gagné sur tous les terrains cette saison, conséquence de la multiplication des stars, dont les Belges peuvent se targuer dans tous les domaines. La 21e étape pour Philipsen, gloire pour Vingaard : L’arrivée de la manche sur les Champs-Elysées Le meilleur sprinteur du monde en 2022 ? Jasper Philipsen (Alpecin-Deceuninck), Belgique. La meilleure Flandre sur la planète vélo ? Wout Van Aert (Jumbo-Visma), Belgique. Le meilleur puncheur ? En 2022, il s’appelle Dylan Teuns (Israel-Premier Tech), un autre Belge. Le meilleur roller du monde ? La réponse peut être différente aux Mondiaux dans une semaine, mais Evenepoel comme Van Aert peut revendiquer ce titre. Enfin, seul dans les montagnes où la Belgique ne peut pas encore se disputer le titre, Jonas Vingaard (Jumbo-Visma) défie Tadej Pogacar (Emirats Arabes Unis Team Emirates).

Une domination prête à durer, comme à l’ère Merckx ?

Mais le succès d’Evenepoel, au-delà de la confirmation d’un talent étonnant et tout-terrain, est surtout un coup de foudre pour la Belgique, qui avait totalement disparu de la course à la victoire du grand tour depuis trente ans, malgré les espoirs de Kevin Seeldrayers (10e en le Giro à 23 ans) et surtout Jurgen Van den Broeck (3e du Tour en 2010 et 4e en 2012). Certains pourront affirmer que ce n’est “que” la Vuelta… Oui mais. Juan Ayuso (Team UAE Emirates) au volant de Remco Evenepoel (Quick-Step Alpha Vinyl) lors de l’étape 20 de la Vuelta 2022 Crédit : Getty Images La France y attend toujours le successeur de Laurent Jalabert depuis 1995 et six des dix derniers vainqueurs de l’épreuve comptent plusieurs grands tours à leur actif. A 22 ans, Remko Evenepol n’en est pas encore là, la Belgique non plus, mais tous deux sont de retour au sommet du cyclisme mondial. Et personne ne semble partir avant longtemps. Après tout, la dernière fois que la Belgique a dominé le cyclisme, c’était pendant une décennie entière. Tour d’Espagne Dumoulin 2015, ou le souvenir que Navacerrada peut tout changer HIER A 22:44 Tour d’Espagne Evenepoel : “Sprint, échappée, favori… Tout peut arriver aujourd’hui” 09/09/2022 à 12h30