Bien malin celui qui ose prédire le résultat des élections législatives, dimanche 11 septembre en Suède. Depuis des semaines, toutes les enquêtes d’opinion pointent dans le même sens : les résultats s’annoncent très serrés, au point que se profile déjà une nouvelle élection en 2018. Il aura alors fallu quatre mois au Premier ministre sortant, le social-démocrate Stefan Loefven. Pendant ce temps, un parti est déjà largement victorieux de cette campagne sans précédent. Fondé par d’anciens fascistes en 1988, le parti des démocrates suédois (SD) est crédité d’une deuxième place, derrière les sociaux-démocrates, avec plus de 20 % d’intentions de vote (contre 17,5 % en 2018). Mais l’extrême droite, emmenée par Jimmy Akesson, est au bord du pouvoir, diabolisée par la droite libérale-conservatrice, prête à en faire une force de soutien au Parlement pour assurer son retour au gouvernement après huit ans de gouvernement. . Lire aussi : L’article est destiné à nos abonnés En Suède, l’extrême droite fait campagne avec la droite
Il y a quatre ans, cependant, les SD étaient encore considérés comme des victimes de la peste. Interrogée en juin 2018 sur un éventuel rapprochement avec le parti d’extrême droite, la patronne démocrate-chrétienne Emma Bush Thor a répondu qu’elle ne voyait pas une telle “évolution” dans les vingt prochaines années. Dans un lapsus apocalyptique, Ebba Busch Thor s’est lui-même qualifié, début septembre, pour le SD du « parti bleu » : un qualificatif réservé à la droite traditionnelle.

“Ils n’osent guère les contredire”

Le parti de Jimmie Akesson a-t-il subi ces dernières années une transformation qui l’a rendu soudainement populaire ? Professeur à l’université de Stockholm, le sociologue Jens Rydgren estime que “ce sont probablement les autres partis qui ont changé et se sont rapprochés des positions des démocrates suédois”. “Non seulement ils imitent la rhétorique de SD, mais ils adoptent aussi leurs définitions des problèmes et des solutions qu’ils proposent”, abonde la chercheuse Ann-Cathrine Jungar, experte d’extrême droite à l’université de Södertörn. “Cela concerne même les sociaux-démocrates, qui ont une politique d’immigration beaucoup plus restrictive qu’auparavant”, observe M. Rydgren. Un virage accompagné d’une retenue prudente vis-à-vis des démocrates suédois, de la part des partis de droite, observe le sociologue : « Ils se fichent des scandales, ils se taisent et ne critiquent plus. Ils n’osent guère les contredire. » Lire aussi : L’article est pour nos abonnés ‘partiledardebatt’, une fondation suédoise
De son côté, Jimmie Akesson, 43 ans, chef du parti depuis 2005, ne ménage aucun effort pour prouver que son parti a définitivement rompu avec ses racines dans la mouvance néonazie. Le parti a même engagé un historien pour rédiger un livre blanc sur son histoire, une façon de montrer qu’il n’a rien à cacher. Il vous reste 54,45% de cet article à lire. Ce qui suit est réservé aux abonnés.