Publié à 9h59
Henri Ouellette-Vézina La Presse
« Si vous habitez la circonscription de Sherbrooke ou de Saint-François pendant vos études, Christine Labrie et Mélissa Généreux ont besoin de vous pour gagner. Vous pouvez facilement changer d’adresse lorsque vous votez sur votre campus », lit-on sur l’écran distribué sur le campus de l’Université de Sherbrooke ces derniers jours. Le même exercice avait également été réalisé à l’Université Laval, Québec, en soutien à Sol Zanetti, Olivier Bolduc et Étienne Grandmont. Dans les deux cas, l’éducation a insisté en disant directement à l’étudiant : « Présentez-vous simplement aux bureaux de vote de votre campus avec une pièce d’identité avec photo et un justificatif de domicile. […] qui confirme que vous habitez dans la circonscription de votre campus pour effectuer votre changement d’adresse. Nous concluons ensuite en affirmant que “la loi électorale reconnaît le droit de voter là où vous résidez principalement”. Cette dernière affirmation, en soi, n’est pas fausse. Or, le pamphlet dans son ensemble a mené ces derniers jours à une demande de retrait de la part du Directeur général des élections du Québec (DGEQ).
Une guerre partisane ?
Par écrit, une porte-parole du parti, Gabrielle Arguin, a confirmé samedi que les tracts avaient été retirés. “Même si nous avons une interprétation de la loi électorale différente de celle que nous a donnée l’avocat du DGEQ, et même si l’avocat du DGEQ ne nous a jamais dit que nous enfreignions la loi, nous avons retiré certains dépliants qui étaient auparavant distribués sur les campus”, a-t-il déclaré. « Nous ne voulions pas mettre les centaines de jeunes impliqués sur leur campus pour Québec solidaire au centre d’un débat sur l’interprétation de la loi et être menacés d’amendes. Clairement, il y a des partis qui ne sont pas intéressés à ce que les jeunes votent là où ils vivent réellement”, a-t-il également insisté. Il faisait donc allusion, dans une attaque à peine voilée, au fait que d’autres partis rivaux de Québec solidaire à Sherbrooke – notamment la Coalition avenir Québec (CAQ), qui y présente Caroline St-Hilaire – pourraient être derrière l’affaire, après avoir dit la situation au DGEQ. Plus tôt cette semaine, vendredi, Élections Québec venait d’annoncer que les étudiants pourront exercer leur droit de vote directement sur leur campus à compter du 23 septembre, pendant quatre jours. Lors des dernières élections générales au Québec, en 2014 et 2018, environ 80 % des votes enregistrés sur les campus ont été comptés dans des circonscriptions autres que le campus. En effet, « souvent, les étudiants habitent près de leur lieu d’études, mais leur domicile est toujours chez leurs parents, qui peuvent être dans une autre circonscription », a noté Élections Québec. « Ils votent ensuite pour un candidat de leur circonscription d’origine. C’est l’esprit du vote de campus : éviter que les étudiants n’aient à se rendre dans leur enceinte pour exercer leur droit de vote”, a également précisé l’organisation. Ce dernier a également précisé que “pour demander un changement de résidence, l’électeur doit prouver qu’il habite effectivement un autre lieu et qu’il entend en faire sa résidence principale”.