La saison des champignons est ouverte… mais pas partout ! Des photos de merveilleuses collections de cèpes commencent à fleurir sur les réseaux sociaux avec des cartons remplis à ras bord. De quoi donner envie aux amateurs de partir à la chasse aux cèpes et au chou frisé, mais tous ne sont pas assurés d’être trouvés… “A mon avis, c’est un peu trop tôt”, confirme Sylvie Rapior, enseignant-chercheur au Laboratoire de botanique, phytochimie et mycologie de l’université de Montpellier. Les fortes pluies tombées cette semaine n’ont pas suffi à garantir une récolte miraculeuse. Au moins trois autres conditions sont nécessaires à ce moment : beaucoup d’humidité, pas de vent et une différence de température entre le jour et la nuit.
Un tournage entre 7 et 10 jours après la pluie
“Si la pluie s’écoule et pénètre dans le sol, il faut 7 à 10 jours pour que les champignons émergent. Si la terre est trop sèche, elle ruisselle et emporte le sol”, souligne l’expert. Un retard qui conduit probablement au 13 ou 14 septembre. Attention aussi au vent du nord, ajoute le Montpelliérain Bérenger Tournier. “C’est l’ennemi numéro un du cueilleur !” Troisième condition : la température nocturne doit être réduite. “Le mycélium doit avoir un choc de température entre l’alternance jour-nuit et un choc de niveau des pluies”, insiste Sylvie Rapior.
Bolet en altitude aujourd’hui
Dernier prérequis : l’altitude. En tout cas pour le moment. Les choix étaient très généreux au-dessus de 1 300 mètres d’altitude au nord de Mende. Plusieurs dizaines de kilos ont été récoltés du côté du lac Charpal. “C’est la tempête du 15 août qui a favorisé cette sortie folle la semaine dernière, j’ai rarement vu ça”, a témoigné Bérenger. Ce sont sans doute ces cèpes que les Montpelliérains ont pu trouver sur le marché des Arceaux ou de Mauguio aux alentours de 23 euros le kilo. De grandes quantités de cèpes ont été récoltées côté Ardèche, comme en témoignent des photos partagées sur les réseaux sociaux. Les cèpes montreront-ils un coup de chapeau ce week-end près de l’Aigoual dans le Gard ou de l’Espinouse dans les hauts cantons de l’Hérault ? C’est la question que se posent de nombreux passionnés. “C’est encore un peu tôt”, estiment nos experts. Ne parlons pas des forêts de châtaigniers, à environ 600 mètres d’altitude près de Valleraugue. La terre porte encore les marques de la chaleur et de la sécheresse estivale. Les amateurs de sport sont également divisés sur la question : quel effet la sécheresse aura-t-elle sur la saison ? Il y a des optimistes et des pessimistes. Bérenger estime que « nous allons faire une bonne saison, le stock de mycélium est complet ».
Quels effets la sécheresse aura-t-elle sur la récolte des champignons ?
“Tout dépend si le mycélium est profond ou non, précise Sylvie Rapior. Si c’est profond et qu’il y a de l’humidité, le mycélium est vivant. Sinon, il est mort.” “C’est une année assez incroyable, poursuit-il. Beaucoup d’eau début septembre. Elles arrivent généralement plus tard.”
A quand les candeurs ?
Quant aux chardons, qui poussent plus en plaine que dans les buissons, c’est encore un peu tôt. Ils poussent généralement dans la première semaine d’octobre. Mais les fortes pluies tombées cette semaine dans l’Hérault pourraient réserver de bonnes surprises dans les prochains jours.
La foire aux champignons à Montpellier les 22 et 23 octobre
La traditionnelle exposition automnale de champignons et de plantes se tiendra à la Faculté de Pharmacie les 22 et 23 octobre. Au programme, des expositions et des rencontres et deux conférences. Samedi à 16h : « Blob trotters, la métamorphose des myxomycètes » par Anne-MLarie Rantet Poux, pharmacienne. Dimanche à 16h “Premier bilan quantitatif de l’introduction de plantes exotiques en France : entre enrichissement floral et menace sur la biodiversité”, par Guillaume Fried, chargé de projet de recherche à l’Anses Montpellier. Visite du musée de la pharmacie à partir de 10h. à 17h30