Ce vendredi 9 septembre, le tribunal correctionnel de Chalon-sur-Saône a condamné un homme poursuivi pour proxénétisme, pour une durée allant d’août 2017 à mars 2018, à Ecuisses, Torcy, Montchanin et Blanzy. L’audience s’est déroulée en moins d’une heure et pour cause… L’accusé est né en 1942. Il vit longtemps, son casier judiciaire est nul et il doit être jugé à 80 ans, pourquoi ? Car personne ne doit ignorer la loi et la loi dit que « le proxénétisme est le fait, par quiconque, de quelque manière que ce soit : 1° D’aider, d’encourager ou de protéger la prostitution d’autrui. 2° Profiter de la prostitution d’autrui, en partager le produit ou recevoir des subsides d’une personne se livrant habituellement à la prostitution. 3° Recruter, former ou inciter une personne en vue de la prostitution ou la pousser à se prostituer ou à continuer de se prostituer. La fourniture est passible de sept ans de prison et de 150 000 euros d’amende. ” ” Je ne savais pas qu’il était interdit de servir ” L’homme, assis sur une chaise devant le bar, sa béquille appuyée contre lui, répond à la loi : ” Je ne savais pas qu’il était interdit de servir. De cela il est accusé, puisqu’il offrait certains services aux femmes qui se prostituaient, mais pas tous les services : tout ce qui pouvait les aider à pratiquer cette activité est supprimé. Ainsi, parmi les services qu’il a rendus à l’une ou l’autre des jeunes prostituées avec lesquelles il a eu des contacts, certains relèvent de la loi, au point que Maître Diry ne demandera pas la libération : les faits sont caractérisés, d’un point de vue juridique . D’un point de vue humain, c’est une autre histoire. Comment ce vieux monsieur s’est-il retrouvé devant trois juges ? Le vieux Calabrais travaillait toujours, puis il était temps de se retirer, avec sa femme. Hélas, il est tombé malade en 2014, est décédé en 2017. Pendant ce temps, l’accusé a tenté de “faire un petit passe-temps”. L’enquête débute par hasard, lorsque des gendarmes de Montchanin, en mars 2018, surveillent un camion car ils savent qu’une femme s’y prostitue. C’est ainsi qu’ils rencontrent l’accusé, puisqu’il y dépose la jeune femme sous les yeux des militaires. Le grand-père (pas d’enfants, donc pas de petits-enfants) a rendu service à une autre prostituée qui lui avait demandé s’il pouvait en conduire une autre depuis la gare dans ce van. Il assure qu’il n’a jamais reçu d’argent pour cela, mais qu’il espérait néanmoins une réduction ou une amélioration du service, tant bien que mal.Une enquête qui s’avère loucheLa gendarmerie va perquisitionner son domicile. Il y a beaucoup de choses là-bas, dont 3 bons de caisse Caisse d’Epargne, près de 4 000 €, datant de 2017, puis deux sacs contenant ce qu’ils appellent des sous-vêtements fins, des perruques, des préservatifs, des lubrifiants. Celui-ci, auquel s’ajoutent les carnets saisis dans sa voiture contenant les noms, prénoms, numéros de téléphone et la somme d’argent, est forcément suspect, au point qu’une information judiciaire a été ouverte. Coupable Il s’explique, il explique. Oui, il savait très bien que la jeune femme forniquait dans le van. Oui, il avait hébergé deux nuits de plus, il avait laissé des sacs en garde à vue chez lui. Oui, il avait mis son compte bancaire dans un autre pour payer un huissier. Oui, elle l’avait partiellement payé et, oui, c’était avec l’argent qu’elle tirait de la prostitution, elle ne faisait pas d’autre travail. Coupable, coupable, coupable et coupable. Son inventaire d’activités pour une prostituée de Torcy ? Coupable. A-t-il d’autres entreprises maintenant ? ” Comprenez-vous pourquoi vous êtes au tribunal aujourd’hui ? demande gentiment la présidente Clara Verger (il faut dire que les échanges ne sont pas faciles, soit à cause de la surdité, soit à cause du stress, soit un mélange des deux). ” Oui. Après ça, je ne peux plus les voir. Le juge lui demande s’il a une autre compagnie maintenant. ” A part mon frère, 87 ans, et ma belle-sœur, 83 ans, je suis tout seul. Il hausse les épaules. Elles étaient plus petites, les autres femmes. Il recherchait leur compagnie. Il était utile ! Il s’occupait de ses animaux. On imagine que ces activités donnaient un sens à ses journées, que se réveiller le matin lui offraient des perspectives, et puis , qui sait, un câlin gratuit ou pas précis.” Intervient Associate Justice. “Nous sentons que vous comprenez, et en même temps, ce n’est pas facile. La loi n’est évidemment pas claire. Le proxénétisme est l’acte, de quelque manière que ce soit, d’aider la prostitution des autres. Par exemple, vous aidez la Princesse Destin à faire ses courses : pas de problème. Mais quand vous l’emmenez au van : c’est une forme d’aide à la prostitution, donc ça crée une difficulté. dans le contexte Le président résume une fois de plus les faits concernant l’Accusé i l’accusé, afin qu’il comprenne pourquoi il va être condamné. “Je voulais passer un bon moment et les servir. Je ne savais pas que c’était interdit. Le vice-procureur demande la modération, mais il rappelle au passage la situation de ces femmes, qui viennent en l’occurrence de pays africains, dont les passeports ont été confisqués à leur arrivée ici, afin de mieux les confiner. On se dit que ce “nous” et ses copains aimeraient bien le voir au volant, ou plutôt dans la boîte, à la place de ce vieil Italien qui, à part quelques câlins, s’est acheté une vie comme on dit (avec méchanceté) la jeune, qui rend des services, comptant pour les autres en dehors de lui-même. Rien dans son compte bancaire n’indiquait sa richesse, pas même son style de vie. De plus, une fois l’enquête close, on retire le contrôle judiciaire, c’est-à-dire « Il a ainsi comblé la solitude qui était la sienne ». Alors le député demande une amende de 500 euros, laissant au juge le soin d’attacher un sursis. « La seule leçon de cette audience est que personne n’est censé ignorer la loi, plaide maître Diry. Car le procureur a tout dit, dans la même phrase : « les faits sont caractérisés », et « le maître n’est pas un proxénète », au sens commun du terme renvoyant à l’image du proxénète, le proxénète. Et pourtant le texte de loi dit que Monsieur en est un… Il a ainsi comblé la solitude qui était la sienne. On voit bien que lorsqu’il a fait des barrières pour l’une des dames chats, il faisait une petite activité de grand-père. Nous sommes sur le fond pénal, mais j’aimerais que votre peine soit sous la forme d’un simple avertissement. “” Avez-vous compris ? “Le tribunal déclare coupable l’homme assis devant lui la tête couronnée de cheveux blancs et le condamne à une amende de 500 euros assortie d’une peine avec sursis. « Vous avez compris que si vous aidez des prostituées, vous commettez un crime. « Compris. Nous, on comprend à quel point tout cela a dynamisé ses journées, à quel point il est bon de se sentir utile, quitte à transporter des sacs de lubrifiant partout dans la maison. Mais la loi, c’est la loi, c’est même la raison d’être de la justice de faire respecter il nous le rappelle dans chacune de ses décisions, même en condamnant un vieil homme jusqu’alors sans casier judiciaire.FSA