Mise à jour à 12h15.
                Jean-François Teotonio La Presse             

Comment décrire ce que les fans du CF Montréal ont vécu vendredi soir ? Le désespoir de la défaite au Stade Saputo. Le moment qui lui échappe. Cette qualification pour les séries éliminatoires devra attendre. Cette salle est pleine de supporters qui devront rentrer chez eux déçus. Puis cette montée irrésistible. Ces deux buts marqués par Victor Wanyama et Zachary Brault-Guillard en fin de match. Cet éclat de joie quand ce dernier va chercher l’égalisation à la 95e minute. Cette égalité 2-2 a été gagnée dans les dernières secondes contre le Columbus Crew. Ce constat d’une équipe qui fait preuve d’une résilience sans faille, d’un sang-froid inébranlable face à l’adversité. Mettez tout cela ensemble et vous avez ce maelström d’émotion émis par une foule acclamant au coup de sifflet final. Et des joueurs qui performent tout aussi bien sur le terrain. Rarement avons-nous vu un pitch Saputo aussi bouillant. “Celui qui ose gagne”, a résumé Wilfried Nancy, après la rencontre. C’est une de nos devises. Quoi qu’il arrive, nous osons. » Le chandail gris de l’entraîneur était légèrement humide de sueur. On ne sait pas si c’était son ou ses joueurs, qui venaient de le jeter dans le bras pour célébrer sur le terrain. Sous des airs de Sweet Caroline qui résonnaient dans l’enceinte, comme le veut la tradition de 2022. « Il y a beaucoup d’émotion, soyez d’accord. Je me souviens du premier jour où nous avons eu l’équipe. On s’est dit qu’on voulait créer quelque chose. » La “chose” a été créée. Grâce à ce match nul spectaculaire, le CFM a confirmé sa place en barrages, avec quatre matches à jouer. « Mais l’ordre du jeu, c’est notre histoire. »

Un mur avec le nom Pandemis

PHOTO DOMINIQUE GRAVEL, LA PRESSE Gabriele Corbo (5), Romell Quioto (30) et l’entraîneur-chef du CF Montréal Wilfried Nancy Nous avons senti qu’il se passait quelque chose vendredi soir. Il y avait salle comble. La section 132 était à nouveau remplie de groupes de supporters. C’était une belle occasion de marquer le coup. Mais Christophe Colomb avait d’autres plans. Mettant tout en œuvre en fin de saison pour conforter sa sixième place au classement, l’équipage a affiché son envie en début de course. James Pantemis a dû signaler trois fois dans les 20 premières minutes. Ses défilés de très grande qualité ont permis à CFM de sortir indemne de cette période difficile. Et de laisser la porte ouverte au scénario fou qui finirait par se dérouler. “Oui, je fais les arrêts, mais ensuite on marque aussi les buts”, a commenté le gardien. “On s’entend très bien pendant le match. Mes coéquipiers me donnent des petits coups de coude pour m’encourager. Mais c’est mon boulot, en fin de compte. » Montréal a raté plusieurs grosses occasions de prendre les devants en première demie. Mason Toye, notamment, a montré qu’il n’avait toujours pas trouvé la boussole dans l’œil depuis son retour dans le jeu en juin dernier.

comme la foudre

Ce qui nous amène à ce moment coûteux de mauvaise direction en seconde période. À l’image de Montréal, qui a frappé comme la foudre à la fin, Columbus a profité de cette hésitation de la défense locale pour inscrire des buts coup sur coup à la 66e et à la 68e. Jonathan Mensah a donné l’avantage à l’équipage avec une belle tête. Lucas Zelarayan a ensuite capté un rebond en bordure de surface pour envoyer le ballon par-dessus les cordes en mouvement. Puis vint le tournant. A la 76e, Luis Diaz est expulsé de la rencontre. Un certain espoir grandit dans le cœur des Montréalais. À ce moment-là, tout a changé. L’équipage jusque-là aventureux a pris du retard. Il y avait 20 joueurs autour et à l’intérieur de la zone des visiteurs. Et en 89, tout le monde commence à y croire. Victor Wanyama sauve le tir de Matko Milijevic d’une tête. C’est 2-1. Est-ce que Montréal répéterait le coup au Crew, qui avait gagné 2-1 en inscrivant deux buts dans les mêmes paramètres le mois dernier à Columbus? Il a continué à pousser, au moins. Il a bourdonné parmi les joueurs de l’Ohio. Et ça a fini par planter. Zachary Brault-Guillard s’est emparé d’un beau ballon à lui tout seul, juste à l’extérieur de la surface. Il a ensuite décoché un tir, qui a été stoppé de justesse par Djordje Mihailovic. Juste assez pour passer le garde de la salle Eloy. Et dynamiser le stade Saputo. “J’ai entendu un peu [la foule], a-t-il déclaré à ZBG. Puis je me suis jeté sur tous mes coéquipiers. Je dois faire un petit clin d’œil à Kwame [Ampadu, l’entraîneur adjoint], qui m’a dit de frapper. Et Lolo [Ciman], très. Parfois je ne frappe pas assez fort. Là, je me suis dit : « Vas-y, je vais essayer. »

“Nous avons le feu en nous”

Brault-Guillard souriait. Son entraîneur aussi. “C’est magnifique”, a déclaré Nancy. Je suis heureux. Cela a créé de bons sentiments pour tout le monde. Le stade était content. Ils l’étaient tous. C’est un bon moment. » “Si on me demandait de le refaire, je le referais”, ajoute-t-il, évoquant le scénario de la rencontre. Je vous ai toujours dit que le travail que je fais va au-delà de gagner ou de perdre des matchs. Aujourd’hui on fait match nul et il y a une émotion comme si on avait gagné. […] Les gars, c’est vrai. Ils n’abandonnent pas. Ils vont jusqu’à la 96e minute. C’est une grande leçon. » Selon James Panthemis, “il y a quelque chose de spécial dans cette équipe”. “Nous n’abandonnons jamais. Nous avons le feu en nous. »