Le policier de la sous-direction antiterroriste (Sdat) chargé d’exploiter les images des caméras en circuit fermé prises le soir du 14 juillet 2016 sur la promenade des Anglais, a été convoqué vendredi à la barre pour témoigner . il écoutait dans un silence de cathédrale.

Sentiment de terreur

Les images présentées au public sont soigneusement choisies mais évoquent un sentiment d’effroi. L’une d’elles montre le camion foncer dans une foule dense, de dos, en train d’écouter un concert. “Les gens ne voient pas le camion venir et ils ne l’entendent pas. Ils ne se doutent de rien. Ça fait peur parce qu’on mesure l’effet de surprise”, ne peut s’empêcher de commenter M. Raviot. Sur cette image, on peut voir des corps démembrés sur la route dans le sillage du camion. Dans la foule, sans méfiance et sur le point de se faire couper les cheveux dans quelques secondes, on aperçoit une femme tenant un petit enfant dans ses bras. Cette photo, comme toutes celles diffusées vendredi lors de l’audience, est issue des vidéos qui pourraient être diffusées à Paris et à Nice d’ici le milieu de semaine prochaine si le tribunal en décide ainsi.

Images violentes

Avant l’intervention du policier du Sdat, qui a témoigné sous le couvert de l’anonymat, le tribunal avait brièvement évoqué la possibilité de diffuser toutes les images des caméras de vidéosurveillance. Personne ne s’y oppose vraiment dans les bancs des partis politiques ou de la défense, mais le procureur a mis en garde contre la “violence” de ces images. Lire la suite “C’est important de voir ce qui s’est passé. Et c’est important pour les partis politiques dans leur processus de reconstruction”, a déclaré Jean-Michel Bourles, l’un des trois procureurs généraux. Cependant, prévient-il, “nous assisterons au meurtre de personnes vivantes, à leur démembrement physique parfois. Et ce sera particulièrement atroce”. Adélaïde Jacquin, avocate de la défense, est d’accord avec l’accusation. “Nous comprenons bien sûr le désir des citoyens, dans leur parcours de reconstruction, de voir les vidéos. Mais ces images ne serviront en aucun cas à renseigner sur les responsabilités des accusés”, souligne-t-il.

Le policier décrit la scène

Le chauffeur du camion de 19 tonnes, le Tunisien Mohamed Lahouaiej-Bouhlel, a été tué par la police après sa bagarre qui a fait 86 morts et des centaines de blessés. Aucun des huit prévenus comparaissant devant le tribunal n’est jugé pour complicité. Le policier du Sdat décrit ce qu’il a vu en exploitant les vidéos. “Ici, nous voyons le conducteur se détourner pour cibler délibérément des groupes de personnes … autant de personnes que possible.” Le silence dans la salle est oppressant. “Ici, nous verrons deux enfants, probablement âgés de 6 à 8 ans, qui seront pris pour cible et percutés par le camion”, poursuit le policier. “Le chauffeur du camion vise délibérément le landau…”.

Un spectacle incontournable

L’agent du Sdat juge “nécessaire” de diffuser les vidéos. “Ils montrent la détermination du tueur à tuer le plus de personnes possible, hommes, femmes ou enfants.” Un silence et il ajoute : « c’est sûr que ça va être insupportable ». Dans la matinée, c’est Thierry Pereira, un policier de l’équipe chargée des premières constatations, qui a témoigné. Le policier expérimenté, ayant le grade de capitaine, a raconté comment il avait libéré l’une des victimes qui était coincée sur l’essieu du camion. “J’ai parlé à ce monsieur pour m’excuser de ce que je m’apprêtais à faire”, raconte le policier costumé, sachant que la manœuvre allait “gâcher un peu plus” la dépouille. La description du camion faite par Thierry Pereira témoigne de la violence des multiples impacts : le véhicule n’a ni plaque d’immatriculation ni calandre, un garde-boue est tombé, multiples “traces biologiques”, sang, cheveux des victimes. sont situés dans le corps. Pendant tout le trajet, aucun signe de freinage, mais des traces de pneus à deux endroits, suggérant que le conducteur a délibérément fait une embardée pour frapper des enfants devant un stand de bonbons, puis des spectateurs sur la promenade du manège. L’audience devrait reprendre mardi. L’article original a été publié sur BFMTV.com VIDÉO – Maître Fabien Rajon, avocat des familles des victimes de l’attentat de Nice : “Nous avons une exigence de vérité et de stabilité”