Selon les dernières données de l’Assurance maladie, le nombre de vasectomies remboursées en France est passé de 1 908 en 2010 à 23 306 en 2021. Dans le même temps, le nombre de ligatures des trompes, acte contraceptif permanent pour les femmes, est passé de 31 473 en 2010 à 21 490. en 2021. “Les vasectomies ont décuplé en dix ans, les chiffres restent faibles car on part de loin, mais c’est clair que ça explose”, constate l’urologue Vincent Hupertan.

Répandu dans les pays anglo-saxons

“En septembre 2016, je faisais trois vasectomies par mois, maintenant j’ai 35 ans, au mieux”, détaille ce chirurgien spécialisé dans la vasectomie “sans scalpel” ou “sans scalpel”, qui réduit les risques chirurgicaux. Une technique encore méconnue en France mais qui va inévitablement progresser “face à la demande”, estime-t-il. Très répandue dans les pays anglo-saxons ou au Québec (un homme sur trois de plus de 50 ans y a recours), la vasectomie n’est légale en France que depuis 2001. faible, en raison des préjugés dans la population, du manque d’information et des difficultés d’accès », explique Elodie Serna, docteure en histoire, auteure de l’essai Opération vasectomie. “Depuis 2011-2012, les choses ont changé en partie à cause de la ‘crise de la pilule’, qui s’est retournée contre les usages hormonaux”, poursuit-il. C’est à peu près à la même époque que des groupes se sont remobilisés sur la question de la contraception masculine.”

“Beaucoup de tabous sur la bravoure”

Si les mentalités évoluent, son expansion se heurte toujours à des freins. “Le premier est la peur de la douleur”, explique Antoine Faix, membre de la Société française d’urologie. Ils insistent également sur une foule de tabous sur la masculinité, d’idées reçues sur les conséquences potentielles de la chirurgie sur l’érection ou le plaisir. Les hommes peuvent prendre l’initiative de congeler leur sperme avant la chirurgie. La vasectomie est en effet potentiellement, mais difficilement, réversible et cette réversibilité n’est pas garantie. Dernier obstacle : le prix de l’intervention, fixé par l’assurance maladie, n’est pas incitatif pour le praticien, et la ligature des trompes reste aujourd’hui quatre fois mieux rémunérée. “Ce n’est pas une pratique rentable”, déplore le Dr Hupertan. Cependant, il est convaincu qu’”une révolution est en marche”.