Les débats houleux ont donné lieu à des insultes de toutes parts. Les ego ont été blessés. Après avoir serré le poing pendant six mois, tendre la main de la réconciliation demandera force et humilité. Malgré ces cicatrices, on peut déjà dire que la machine conservatrice sort rajeunie de cette course à la direction. Les coffres sont pleins, avec des contributions d’au moins 11 millions de dollars jusqu’à présent. les listes de supporters s’allongent, avec 678 000 membres. Sur les deux fronts, le Parti conservateur éclipse complètement ses rivaux politiques. Une nouvelle force politique est en train d’émerger avec laquelle le gouvernement libéral devra composer et qui a le potentiel de changer la dynamique aux Communes, et plus généralement sur l’échiquier canadien.
Virage à droite?
Pendant la course, deux factions ont émergé : les conservateurs qui croient en l’assouplissement de certaines positions du parti afin de concurrencer les libéraux au centre de l’échiquier politique ; et d’autres, bien ancrés dans une droite populiste, qui ont une opposition plus forte à Justin Trudeau pour canaliser la colère contre son gouvernement en une force de frappe politique. Le résultat officiel devrait être connu samedi après-midi. Mais pour beaucoup, l’issue semble déjà scellée et c’est la bonne série qui l’emportera. Fait intéressant, cependant, la visibilité accrue du parti pendant la course ne semble pas s’être traduite par une forte augmentation des intentions de vote. Depuis la fronde interne qui a renversé Erin O’Toole en février et déclenché la course à la chefferie, les cotes d’approbation des conservateurs ont à peine bougé dans la marge d’erreur. De plus, alors que les électeurs conservateurs sont plus favorables à Pierre Poilievre en tant que chef, les électeurs non conservateurs à travers le pays penchent davantage vers Jean Charest. Lorsque le nouveau chef prononce son discours de victoire, on connaît vraiment sa volonté de faire la paix avec les autres factions. Un membre de l’équipe Charest croit que ce sera un défi de prendre le relais et de remettre tout le monde sur la même longueur d’onde. Un membre du camp Poilievre croit que les vrais conservateurs se rallieront au chef et que si vous êtes un libéral qui s’est essayé aux conservateurs, vous redeviendrez un libéral. Deux déclarations qui façonnent parfaitement la position des deux principaux camps dans ce combat. Et qui laissent peut-être entrevoir le ton que prendra le prochain dirigeant.